Cinema Improbable

Martyrs

Notation 4/10

Martyrs est un film d'horreur/thriller franco-québécois réalisé par Pascal Laugier en 2008.

Avec un budget de 2,8 millions d'euros, il dure environ 90 minutes.

Synopsis : L'histoire débute in medias res avec une petite fille, Lucie, qui s'échappe d'un endroit où elle semble avoir été torturée pendant une longue période ; le film nous livre cette scène d'intro par le biais d'un joli montage de fausses images d'archives (classique mais ça marche toujours). Admise dans un hôpital psychiatrique (en tout cas ça y ressemble), elle se lie d'amitié avec une autre fille, Anna, qui va se révéler être son seul lien avec la réalité ; en effet rudement traumatisée par ce qu'elle a vécu, elle commence à voir des choses pas très rassurantes.

Au terme d'un cauchemar dantesque, le film nous balance une ellipse de 15 ans dans la gueule ; on se retrouve au milieu d'une gentille famille qui se fait soudainement massacrer à grands coups de fusil de chasse par Lucie devenue femme. Rejointe par sa besta-sista, elles trouvent une solution urgente pour se débarrasser des corps (les planquer dans la salle de bain..).

Tandis que les filles cherchent une solution qui tienne un peu plus la route, le film nous révèle que les parents massacrés étaient en réalité les tortionnaires du début, d'où la vengeance haute en couleur de Lucie ; lorsqu'elle s'est échappée, elle aurait pu sauver une autre femme détenue comme elle mais ne l'a pas fait, et cette culpabilité la ronge depuis sous la forme d'un remake de The Grudge qui la pourchasse dans son imagination et lui sert de justification pour s'infliger des mutilations toujours plus violentes. Sa folie va aller croissante face à son amie qui est de plus en plus larguée...

Spoiler Alert !

Jusque là le film était intéressant, mais dans sa deuxième partie il va prendre une toute autre tournure proche d'un torture porn, avec une histoire qui part complètement en live ; en effet on découvre qu'une pseudo organisation est derrière les sévices infligés aux jeunes filles, dans l'espoir de faire d'elles des martyrs (témoins) et de découvrir ce qu'il y a après la mort grâce à l'état de transcendance qu'atteignent les victimes... WTF ?
Au final le serpent se mord la queue, car Anna qui a été capturée également finit par faire LA révélation au grand gourou au terme de souffrances inimaginables (qu'on a l'audace d'infliger au pauvre spectateur), et ce dernier se suicide immédiatement après avoir déclaré qu'il vaut mieux ne pas savoir et douter...

 

Réalisation : Martyrs est le second long-métrage de Pascal Laugier après Saint-Ange, qui avait subi un échec commercial. Il passe ici au niveau suivant avec une violence et un sadisme qui a failli coûter au film une classification X, ce qui aurait compliquée sa distribution au public !
Le montage global est plutôt bien ficelé, avec des rebondissements inattendus et choquants, quelques plans amateurs mais rien de dramatique.
Pour ce qui est des effets visuels, les scènes de violence sont suffisamment bien faites pour être crédibles, comme le maquillage des acteurs qui a du coûter un bon pourcentage du budget !

 

Bande-son : La musique donne envie de se pendre dès le début avec quelques accords sanglotants de guitare devant les fausses images d'archives. La bande-son colle plutôt bien à l'action, ça reste classique mais toujours efficace quand on ne s'y attend pas ; sinon le reste du film contient des sons lourds qui font mal au crâne et contribuent à créer une atmosphère oppressante.

 

Jeu des acteurs/Personnages : Un jeu d'acteur (enfin d'actrice) plutôt prenant dans l'ensemble, notamment pour celle qui interprète Lucie et qui se forge une gueule de possédée pendant tout le film. Le duo des filles est assez intéressant entre la tarée qui essaye de nous convaincre de la réalité de ses peurs et l'autre qui incarne le bon sens mais aimerait aider son amie.
La descente psychologique de la deuxième partie n'est pas innovante mais bien réalisée, limite trop dérangeante ; le spectateur est torturé mentalement par les images qu'on lui impose.

 

Conclusion : Un film psychologique doté d'une forte dose de violence et de perversité ; s'il commence comme un classique du cinéma d'horreur psychologique, il part rapidement en cacahuète pour devenir une véritable descente aux enfers avec une théorie du complot grotesque basée sur des soi-disantes épiphanies qui justifieraient les sévices infligés. En plus ces tortures ne servent aucun dessein car au bout de 90 minutes de scènes barbares on nous livre un dénouement creux et idéologiquement douteux. Passez donc votre chemin si vous cherchez un bon thriller angoissant, il s'agit d'un mauvais torture porn...